Harcèlement scolaire : les meilleurs dispositifs pour mieux le prévenir

Publié le : 04 avril 202220 mins de lecture

En France, depuis la rentrée 2021 le programme de lutte contre le harcèlement pHARe déployé sur tout le territoire. Ce dispositif expérimental va tenter de faire ses preuves sur 2 ans, dans 6 académies : 63 collèges, 61 écoles et 3 lycées sont concernés. L’objectif est principalement de : protéger les enfants, protéger les adultes, favoriser la responsabilisation et l’engagement.

L’occasion de faire le point sur un véritable fléau à l’école et au collège. Quelles sont les mesures de ce programme qui implique équipes enseignantes, parents et élèves ? Comment détecter un cas de harcèlement, comment réagir et quelles sont les conséquences psychologiques pour l’enfant ?

Le harcèlement scolaire commence peu à peu à être pris au sérieux, mais les faits divers montrent chaque jour qu’il reste encore des efforts à faire dans les écoles. Surtout lorsque ces cas de harcèlement conduisent l’élève au suicide, comme ce fut le cas pour de nombreux enfants et adolescents.

Harcèlement scolaire : le programme pHARe mis en place

La lutte contre le harcèlement est une priorité du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Ce programme prévoit :

  • La sélection d’ambassadeurs  » non au harcèlement  » dans tous les établissements.
  • La mobilisation autour de la question de la prévention du harcèlement des comités d’éducation à la santé, la citoyenneté et l’environnement présents dans les établissements.
  • La mobilisation des conseils de vie collégienne et des conseils de vie lycéenne concernant cette question.
  • La formation d’une équipe pluri-catégorielle à la prise en charge spécifique du harcèlement dans les écoles et les établissements.
  • La mise en place de modules à destination des élèves.
  • La sensibilisation des parents à travers des ateliers.

Alors, concrètement, à quoi sert le programme pHARe ?

  • A mesurer le climat scolaire au sein d’un établissement
  • A prévenir les phénomènes de harcèlement
  • A former un groupe de protecteurs composés de professionnels et de personnels pour les élèves
  • A intervenir de manière efficace sur les situations de harcèlement détectées
  • A associer les parents et les divers partenaires pour communiquer sur le dispositif
  • A mobiliser toutes les instances utiles : démocratie scolaire (CVC, CVL), comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement
  • A suivre bien évidemment l’impact des actions menées
  • A mettre à disposition une plateforme dédiée aux ressources

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Définition du harcèlement scolaire : les différents cas

Le harcèlement dont peut être victime un écolier peut prendre différentes formes : il peut s’agir de violences physiques (coups, blessures), psychologiques (moqueries, menaces, gestes et mots blessants, etc.), ou encore sexuelles. Généralement, un ou plusieurs élèves, parfois même des adultes ou professeurs, exercent ces violences sur un autre élève qui ne peut se défendre. Mais « dans tous ces cas de harcèlement, la violence psychologique reste omniprésente », précisent les psychologues. Il est important de distinguer également le harcèlement de la violence. Parfois, il arrive en effet que des enfants se bagarrent ou montrent une attitude violente, mais sans volonté de harceler l’autre.

« Dans le cas d’un harcèlement, il y a une notion de durée et d’intention de nuire », expliquent les psychologues. Il s’agit en effet d’un acte répété, qui s’inscrit dans le temps et qui est fait dans le but de blesser l’autre. D’ailleurs, si une personne porte plainte pour harcèlement, il lui faudra prouver que ce n’est pas la première fois que cet acte se produit et qu’il est intentionnel.

Par ailleurs, avec les nouveaux moyens de communications, le harcèlement scolaire prend une nouvelle forme : le cyberharcèlement. Selon l’étude de victimation en milieu scolaire réalisée en 2017, 25% des collégiens déclarent avoir connu au moins une atteinte via les nouvelles technologies. Face au sexting non consenti et au Revenge porn, le site Non au Harcèlement lance un clip de sensibilisation « Une photo, c’est perso. La partager, c’est harceler ».

Conclusion : on doit considérer qu’il existe une situation qui relève du harcèlement lorsque : il y a un rapport de force et une domination entre l’agresseur et la victime, lorsqu’il y a une répétition du phénomène même si l’agression prend alors des formes différentes, et si la victime s’isole, se met à l’écart du groupe, s’enferme sur elle-même et montre une incapacité à s’ne sortir ou à demander de l’aide.

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Harcèlement scolaire : quels sont les signes ?

Peu d’adultes parviennent à voir le mal-être d’un enfant harcelé à l’école. En effet, il n’est pas facile pour un adulte de reconnaître qu’un enfant est victime ou de faire la part des choses entre harcèlement scolaire et « petites disputes de récré ». La victime pense parfois pouvoir régler ses problèmes seule, cherchant la plupart du temps à cacher son mal-être à ses parents par peur de les décevoir. Ou par crainte, tout simplement, de représailles plus virulentes encore, de la part de ses harceleurs. Et même si les adultes remarquent que l’enfant se sent mal, ils estiment parfois que c’est normal, l’enfance et l’adolescence étant des périodes faites de hauts et de bas…

Quelles sont les conséquences sur la vie de l’enfant harcelé ? Comment réagir et qui contacter en cas de harcèlement scolaire ? On fait le point dans cet article. De manière générale, il faut être attentif à tout changement de comportement, sans dramatiser, mais sans non plus minimiser les faits. En cas de doute, il est important d’en discuter avec son enfant et l’inciter à se confier. Voici quelques repères :

1 – L’enfant ne veut plus aller à l’école

Le harcèlement scolaire a des conséquences sur la vie quotidienne de l’enfant. « Un élève, qui soudain, n’a plus envie d’aller en classe, ou traîne les pieds, n’est pas un tire-au-flanc », expliquent les psychologues.  Il faut en effet porter attention à ce mal-être qui peut se caractériser par une difficulté à se lever le matin, un rejet de l’école, l’envie de rester à la maison, la crainte de prendre l’autobus scolaire, des retards ou des demandes d’argent. Votre enfant peut ainsi vous demander de l’accompagner, exceptionnellement, devant la porte de l’école, jusqu’à ce que les grilles s’ouvrent. Ou de venir le chercher à la sortie le soir.

2 – L’enfant est marqué de bleus, son matériel détérioré

Il a beau vous répéter qu’il est tombé sans faire exprès, votre enfant n’est pas à ce point maladroit. Son matériel est régulièrement vandalisé, il vous demande une nouvelle trousse car la sienne a pris l’eau (accidentellement), il perd ses cahiers, son manteau, il rentre à la maison avec des tâches de boues ou des blessures…

3 – L’enfant est épuisé et présente des troubles

Sa peur de se rendre en classe et d’affronter de nouveau ces élèves qui le maltraitent peut se transformer par des angoisses, des maux de ventre, des pleurs, des énurésies ou des nausées. Il doit constamment rester sur ses gardes, être vigilant à son environnement et cela l’épuise. « Il peut également faire des cauchemars, développer de l’eczéma, perdre ses cheveux, avoir des dérèglements hormonaux, notamment pour les filles (retard de règles par exemple), voire un retard de croissance », expliquent les spécialistes. A la maison, il peut aussi paraître absent et soucieux, être agité, se plaindre, avoir une perte d’appétit ou encore devenir irritable et agressif.

4 – L’enfant est isolé

Un enfant victime de harcèlement se retrouve seul face à ses harceleurs. « Il n’est pas invité aux anniversaires de ses petits camarades, et n’a les coordonnées de personne. D’ailleurs, s’il manque un cours et qu’il souhaite le rattraper, il ne saura pas qui contacter », précisent les observateurs. Il aura tendance à jouer seul et à se mettre en retrait, parfois même à se cacher dans les toilettes ou au CDI pendant la récréation, à manger en vitesse à la cantine pour mieux se réfugier ensuite. Il tâchera d’éviter les endroits fréquentés par ses camarades de classe, et ne voudra pas fêter son anniversaire à la maison.

5 – L’enfant est en échec scolaire

La victime peut aussi avoir des difficultés à se concentrer en classe. L’école, censé être l’endroit où l’enfant se sent protégé devient alors dangereux pour lui. Perturbé par ce qu’il se passe autour de lui, par les mauvaises nuits passées et par sa crainte constante…L’enfant a du mal à rester attentif. Il décroche, et cela se ressent dans ses résultats scolaires. Lorsqu’il est en âge de le faire, il ira jusqu’à sécher les cours, sans avertir personne. En attendant, il tentera d’éviter ses agresseurs en étant systématiquement en retard ou absent.

Quelles sont les conséquences du harcèlement scolaire ?

Les conséquences du harcèlement sont majeures pour l’enfant : certaines sont immédiates, d’autres apparaissent plus tard si rien n’est fait. L’école est un lieu où l’enfant doit se sentir protégé. Mais subitement, lorsqu’il est harcelé, cet endroit devient dangereux pour lui. Résultat : il se sent en permanence menacé et cela a un impact sur son développement et son quotidien :

  • il dort mal
  • il a des difficultés à se concentrer en cours
  • parfois aussi, l’enfant présente des troubles post-traumatiques liés au stress ou à l’angoisse car il doit constamment être vigilant et cela l’épuise
  • il peut également faire des cauchemars
  • il peut développer de l’eczéma
  • il peut perdre ses cheveux
  • il peut avoir des dérèglements hormonaux, notamment pour les filles (retard de règles par exemple), voire un retard de croissance.
  • une santé mentale en danger et une dépression

Conséquences au niveau du comportement

L’enfant est perturbé puisque tout ce qui l’entoure est mis en danger. Par conséquent, l’enfant harcelé réagit souvent avec inhibition. Il se met en retrait et joue seul. Certains enfants peuvent devenir agressifs et dangereux, souvent vis-à-vis d’eux-mêmes. Les psychologues expliquent que pour certains, les cicatrices sont majeures et peuvent perdurer jusqu’à l’âge adulte. « Etant donné qu’il a une difficulté à faire confiance aux personnes qui l’entourent, l’enfant harcelé aura tendance à se méfier au point de devenir par la suite phobique. Certains enfants n’arrivent pas à sortir de chez eux et une fois adultes, ils peuvent avoir un sentiment de panique en repassant devant leur collège ».

L’importance de la confiance en soi

Tous les enfants ne sont pas égaux. Par exemple, un enfant harcelé qui s’exprime bien, qui est valorisé par ses parents, qui a confiance en lui et se sent sécurisé, parviendra mieux à se défendre face à ses agresseurs qu’un enfant qui doute de lui-même et dont les parents ne cessent de lui répéter qu’il est incapable, voire nul… Ce dernier conclura alors que ses agresseurs « ont raison », et qu’il l’a « sûrement mérité ». Le danger, c’est qu’il ne se confiera pas aux adultes, tandis que le premier, qui se sent soutenu et sûr de lui, pensera que les autres se trompent.

Lorsque le harcèlement est sexuel, le traumatisme est encore plus impactant, d’autant qu’il s’agit souvent de proches ou de personnes de confiance qui agissent. Encore une fois, la confiance en l’autre est rompue. L’enfant peut ressentir davantage d’injustice lorsque son harceleur reste impuni. Pour cela, « il est important de permettre aux enfants de retrouver leur estime de soi en les valorisant » précisent les psychologues. Il peut s’agir de paroles ou tout simplement d’activités sportives qui les mettront en valeur et leur feront prendre conscience de ce dont ils sont capables.

Harcèlement scolaire : que dit la loi ?

« La loi punit le harcèlement scolaire, mais aussi les violences scolaires et l’incitation au suicide. Les victimes peuvent alerter la direction de l’établissement scolaire et les associations. Elles peuvent aussi demander à la justice de condamner pénalement l’auteur du harcèlement et de réparer leur préjudice » précise le gouvernement.

Quelles sont les peines encourues en cas de harcèlement scolaire ?

Les coupables de faits de harcèlement scolaire âgés de plus de 13 ans risquent une peine de prison allant de un an (sans circonstance aggravante) à 3 ans (avec circonstances aggravantes), et une amende allant de 15000 euros à 45000 euros. Aussi, le nombre de circonstances aggravantes détermine la peine encourue, notamment si la victime est âgée de moins de 15 ans, si l’auteur des faits connaissait sa vulnérabilité (handicap physique ou mental, maladie), si le harcèlement a conduit la victime à plus de 8 jours manqués à l’école ou si le harcèlement a été commis sur internet.

Les chiffres du harcèlement scolaire

  • Plus de 700 000 élèves sont victimes de harcèlement scolaire en France, soit près d’un enfant sur dix.
  • Selon l’UNESCO, plus de 30% des élèves dans le monde ont été victimes de harcèlement
  • La plupart du temps, les cas de harcèlement débutent dès l’école primaire (12%), tandis que 10% des collégiens sont harcelés et 4% au lycée.
  • Selon le Centre Hubertine Auclert, « 55% des élèves en situation de harcèlement sont touchés par la cyberviolence Les filles sont davantage exposées à des formes spécifiques de cyberviolence, à caractère sexiste et sexuel. Elles sont notamment trois fois plus touchées par des actes de sexting.
  • Selon l’enquête internationale HBSC, menée tous les quatre ans auprès de collégiens de 42 pays, le harcèlement scolaire a diminué en France de 15 % au collège entre 2010 et 2014. La baisse atteint 33 % en sixième.
  • D’après l’enquête nationale de victimation en milieu scolaire réalisée en 2017, une fille sur 5 a été insultée en ligne sur son apparence physique et une fille sur 6 a été confrontée à des cyber-violences à caractère sexuel, en lien avec le partage de photos ou vidéos intimes.
  • Le cyber-harcèlement concernerait 6% des collégiens. Entre 3 et 4 adolescents se suicideraient chaque année à cause de ces insultes en ligne. En outre, 61% des élèves harcelés disent avoir des pensées suicidaires.
  • On compte logiquement autant de harceleurs que de victimes (si ce n’est plus), mais également trois à quatre témoins par situation de harcèlement.

Harcèlement scolaire : comment amorcer le dialogue et comment agir ?

Il faut savoir qu’un enfant victime d’harcèlement n’osera pas ou difficilement en parler de lui-même à ses parents. Et même si ce n’est pas lui qui aborde le sujet, il ne répondra pas la vérité de peur de décevoir. A la question (un peu trop directe) « as-tu harcelé à l’école ? », l’enfant répondra « Non », ou confirmera que tout se passe bien à l’école… Une manière de rassurer son entourage qui s’inquiète à son sujet.

Donc plutôt que d’en parler trop directement avec lui, il est conseillé de parler de ce que l’on ressent en tant que parent et d’aborder le sujet de manière à ne pas impliquer son enfant directement : « Je sais que dans certaines écoles, il y a des cas de harcèlement… Je me demandais si dans ton école, c’était la même chose et s’il y avait des enfants qui t’embêtaient parfois ? ». Il faut également que le dialogue soit constructif, conseillent les psychologues. L’enfant doit comprendre qu’il peut compter sur ses parents et que dans un tel cas, ils seraient présents pour l’aider, le soutenir, et faire les démarches nécessaires pour que ce harcèlement s’arrête.

Que faire si mon enfant est harcelé à l’école ?

En cas de harcèlement sur un enfant à l’école, les parents doivent jouer un rôle et savoir qu’ils ne sont pas seuls dans leurs démarches. « Si votre enfant est victime de harcèlement scolaire, il est préférable d’inscrire ces démarches dans un cadre médical en consultant un professionnel de santé qui, en relation avec le médecin scolaire, examinera l’enfant et déterminera son état physique et psychologique », recommandent les psychologues. L’enfant pourra alors bénéficier de soins et surtout d’une aide médico-scolaire qui l’autorisera à ne plus fréquenter l’école pendant une période, tout comme un adulte malade qui ferait un arrêt de travail.

En effet, si l’enfant souffre trop physiquement ou psychologiquement, le médecin pourra alors établir un constat qui lui permettra de bénéficier d’un Projet d’Accueil Individualisé (PAI). C’est pourquoi il est important de passer par un professionnel de santé. A la suite de ce constat, médecins et parents font le point ensemble avec la direction de l’établissement. Si les parents souhaitent aller plus loin, en fonction de la situation, ils peuvent saisir des conseillers au niveau académique ou des médiateurs au niveau régional qui pourront alors intervenir dans l’établissement scolaire de l’enfant. Ce relais est donc important, d’autant que certaines écoles peuvent parfois réagir avec déni face à des cas de harcèlements, qui représentent un échec pour leur établissement.

Harcèlement scolaire : faut-il ou non le changer d’école ?

Si l’enfant demande à changer de classe ou d’école, oui. Il peut parfois s’agir du bien de l’enfant, d’une manière de le protéger (dans certains cas). En revanche, s’il fait cette demande et qu’on le lui refuse en l’obligeant à retourner à l’école, ce sera pour lui d’autant plus difficile. Selon les démarches effectuées, les parents peuvent aussi être aidés pour le changement d’établissement. L’enfant peut alors être prioritaire pour être affecté où il le souhaite. Les parents doivent alors saisir la direction académique des services de l’éducation nationale (Dasen) afin de demander un changement d’établissement.

Comment sensibiliser les autres enfants, ceux qui harcèlent ?

Des actions de sensibilisation ont été mises en place en milieux scolaires par le ministère de l’Education, qui souhaite notamment améliorer la formation des enseignants et la prise en charge des familles. De plus, lorsque les établissements sont partants, des ateliers permettent d’aborder le sujet avec des dispositifs individualisés. Une journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire a également été mise en place et a lieu chaque année.

On distingue plusieurs profils de « harceleurs » :

  • Ceux qui ont été eux-mêmes harcelés ou qui sont victimes de violences à la maison
  • Ceux qui suivent le mouvement, mais qui sont tout de même désolés des conséquences
  • Et enfin, les harceleurs qui n’éprouvent aucune empathie

Ces derniers n’ont pas intégré les interdits sociaux ou les valeurs de respect et n’ont aucune sensibilité. Ainsi, « les meneurs sont les plus difficiles à prendre en charge, mais il est important de pouvoir les repérer pour mieux les isoler », précisent les psychologues. En effet, lorsqu’on travaille avec les autres enfants, le meneur se retrouve alors isolé et ne peux plus exercer autant de pouvoir sur sa victime.

 

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