La noix de lavage est-elle victime de son succès ?

La noix de lavage

Publié le : 20 novembre 20205 mins de lecture

Les noix de lavage présente des avantages écologiques indiscutables mais leur commercialisation massive n’est peut-être pas un modèle de consommation responsable. Leur succès semble attirer un nombre croissant de distributeurs pas nécessairement soucieux du bien-être des producteurs locaux. « La révolution écologique dans les lave-linges », « La seule lessive à être cueillie des arbres », « la noix de lavage, la multi-talentueuse » : l’enthousiasme pour la noix de lavage en Allemagne est indéniable. Et le succès se fait toujours croissant. « Cela fait un an que je propose ce produit, uniquement par Internet et sans publicité, et cela marche très bien » se réjouit Burkhard Sollfrank de Fair Natur, en déclinant toutefois de mentionner son chiffre d’affaire. Même son de cloche chez Waschbär, la plus grande centrale de vente par correspondance d’articles écologiques en Allemagne. « Parmi les produits de lavage que nous proposons, les noix de lavage ou leurs produits dérivés sont ceux qui connaissent le plus grand succès, » rapporte Stefanie Münch, qui elle aussi décline toute mention de données financières. Waschbär a proposé des noix de lavage pour la première fois en juillet 2004, « et le succès fut immédiat ». De fait, la noix de lavage offre une réelle alternative écologique aux lessives chimiques traditionnelles. En usage en Inde depuis toujours, la noix se récolte sur des « arbres à savon » (Sapindus trifoliatus). Elle est ensuite séchée, concassée – et prête à l’usage. C’est l’écorce de la noix qui offre la précieuse matière : la saponine. Il suffit de mettre cinq ou six noix concassées dans un petit sac (et non dans une dosette en plastique) que l’on place ensuite directement dans le tambour. Elles peuvent être utilisées à n’importe quelle température, pour n’importe quelle couleur. Une fois lavée, le reste des noix peut être utilisé comme pesticide naturel. Les noix peuvent également être bouillie à l’eau, elles délivrent par là la saponine, utilisable dans ce cas comme savon ou liquide vaisselle. Simple d’utilisation, écologique et économique – un kilo de noix (le prix avoisine les 20 euros en Allemagne) suffirait, selon les distributeurs, à satisfaire les besoins annuels d’une famille de quatre personnes – il n’en fallait pas plus pour assurer le succès commercial de la précieuse noix. Quel impact local ? Aux dires de Burkhard Sollfrank, le circuit de distribution de la noix de lavage aurait quitté son marché de niche en Allemagne. Mais combien de tonnes précisément arrivent en Europe, combien sont destinées pour l’Allemagne, combien pour les autres pays européens ? Des données précises manquent encore. Certains fournisseurs indiens de noix de lavage, comme Archana Exports ou Sindhiya Enterprise Bangladesh, exportent chacun entre 200 et 250 tonnes par an de noix, à destination principalement de l’Europe. Initialement, les arbres à savon poussent à l’état sauvage, posant ainsi la problématique de la surexploitation d’une matière première. Or, « la demande est devenue tellement gigantesque que je ne peux pas m’imaginer qu’il n’y ait pas de plantations maintenant, » précise Stefanie Münch. De fait, le produit n’est pas – encore – labellisé bio et issu du commerce équitable.

Au Fairtrade Labelling Organization (FLO), l’organisme international en charge de labelliser les produits issus du commerce équitable, il n’est pas encore question de s’occuper des noix de lavage. Cela dit, l’organisation y prête une attention particulière, notant un intérêt croissant de la part des consommateurs et de la presse. Car « un produit écologique ne signifie pas nécessairement qu’il est issu du commerce équitable », souligne-t-on à la centrale de Bonn. Le consom’acteur allemand doit donc voir par lui-même quel distributeur respecte les règles du commerce équitable. Chez Fair Natur, on utilise l’adjectif « Fair » sans toutefois pouvoir donner de précisions quant à la provenance précise des noix de lavage et des conditions de travail dans lesquelles elles ont été cueillies. Chez Waschbär, on s’appuie sur les grands fournisseurs avec lesquels l’entreprise a des liens commerciaux déjà prouvés. « À la saison prochaine, nous allons introduire une clause excluant le travail des enfants dans nos produits – dont les noix de lavage », précise Stefanie Münch. Quant aux consommateurs qui se posent la question de savoir s’il faut vraiment polluer l’air et la mer pour pouvoir laver son linge plus blanc, la centrale propose du savon traditionnel – en provenance de Marseille.

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