On n’est pas content chez Orange. Une semaine après être parvenu – difficilement – à un accord avec Apple sur la distribution exclusive de l’iPhone à partir du 29 novembre, au prix de 399 euros, l’opérateur de téléphonie mobile français doit faire face à une attaque inattendue.

Phoneandphone.com, un site de vente de téléphones mobiles, a lancé, mercredi 24 octobre, une campagne d’affichage sur 150 panneaux à Paris pour promouvoir la vente du fameux téléphone d’Apple. Il le propose au prix de 749 euros. Pis, ce téléphone a été « débloqué », c’est-à-dire qu’il peut être utilisé sur le réseau de n’importe quel opérateur. Suprême affront, ce site, qui affirme avoir déjà livré plusieurs centaines d’appareils, vend même l’iPhone moins cher qu’Orange (à partir de 379 euros) si l’on souscrit simultanément un abonnement chez Bouygues Telecom ou chez Virgin Mobile.

Pour répondre à l’outrage, France Télécom, la maison mère d’Orange, a annoncé, jeudi, qu’elle se réservait le droit « d’intenter toute procédure de justice » afin de garantir le contrat d’exclusivité signé avec Apple concernant l’iPhone. Une contre-offensive qui n’impressionne pas Phoneandphone.com : « La vente de l’appareil et l’abonnement ne sont pas liés. Nous avons le droit de commercialiser ce téléphone comme n’importe quel autre », martèle Warren Barthes, le président du site.

Chez Apple, on ne fait « pas de commentaires ». Mais on met en garde ceux qui seraient tentés d’utiliser un appareil débloqué. Déjà, le 24 septembre, la firme à la pomme prévenait que « des programmes illicites de déverrouillage d’iPhone en circulation sur Internet causaient des dégâts irréparables aux logiciels d’iPhone ». En cas de panne, les possesseurs d’appareils pirates « se placent en infraction vis-à-vis des conditions générales de la licence logicielle d’iPhone, et voient ainsi leur garantie annulée », avertissait Apple. Et de brandir une arme dissuasive : débloquer un iPhone pourrait entraîner « une impossibilité définitive d’utiliser » l’appareil au moment d’une mise à jour de son logiciel.

Pas sûr cependant qu’Apple s’engage dans une guérilla avec les acheteurs d’iPhone débloqués. Sur les quelque 1,5 million d’iPhone vendus jusqu’à présent, quelque 250 000 seraient débloqués. Pour une entreprise qui a construit sa réputation sur son image, il sera difficile d’expliquer aux clients qu’ils ne peuvent pas utiliser leur appareil simplement pour sauver les revenus de la firme américaine.

Selon des rumeurs ni confirmées ni démenties, les opérateurs qui auraient obtenu l’exclusivité de l’iPhone doivent reverser à Apple 30 % des revenus que leur procure un abonné. Cette manne inespérée justifiera-t-elle que l’entreprise prenne le risque de subir la fronde de clients mécontents ?